La Guinée
La Guinée
Situation géographique
Située en Afrique de l’Ouest, la Guinée est délimitée, au Nord-Ouest par la Guinée Bissau et le Sénégal, au Nord-Est par le Mali, à l’Est par la Côte d’Ivoire, au Sud-Ouest par la Sierra Léone et au Sud par le Libéria. La Guinée est bordée à l’Ouest par l’Océan Atlantique sur 346 km.
La Guinée, d’une superficie de 245.857 km2, regroupe quatre grandes régions naturelles :
§ La Guinée Maritime ou Basse Guinée, située le long de l’Océan Atlantique et adossée au massif du Fouta-Djalon, elle est peuplée en majorité de Soussous. Ses rivages sur l’Atlantique sont bas, verdoyants et découpés par de larges estuaires. Sa végétation est constituée de mangroves, palmiers et cocotiers. En outre, la côte est jalonnée de belles îles et de nombreuses plages tapissées de sable fin.
§ La moyenne Guinée ou zone du Fouta-Djallon, dont le Mont Loura (1.515 mètres) et le Mont Tinka (1.425 m), constituent les points culminants. Elle couvre environ un tiers du pays. La population est à majorité peulh. Le climat y est doux et de nombreux cours d’eau y prennent leur source (Sénégal, Gambie…), ce qui lui a valu le nom de Château d’eau de l’Afrique Occidentale.
§ La Haute Guinée région de savanes ou domine l’ethnie malinké, occupe un autre tiers. Fragment du plateau manding, la Haute Guinée est arrosée par le fleuve Niger et ses nombreux affluents. Avec son climat sec, elle présente une végétation de savane typique.
§ La Guinée Forestière, essentiellement montagneuse et en grande partie couverte par la forêt primaire qui renferme des bois précieux, dont l’acajou. Le mont NIMBA culmine à 1.752 mètres et très riche en minerai de fer. Cette partie regroupe plusieurs ethnies, dont les Kissiens, les Tomas et les Guerzés.
Principales villes et régions
Conakry 1 091 483 habitants
Kankan 261 341 habitants
Labe 249 515 habitants
Nzerzkore 282 772 habitants
Kindia 287 607 habitants
source : Résultats provisoire du RGPH 96
Population
Les résultats provisoires du recensement de la population à fin décembre 1996 donnaient un total de : 7.165.750 personnes, dont :
3.495.011 d'hommes (48,8%).
3.670.739 de femmes (51,2%).
75% de la population dépendent de l’agriculture.
Quelques chiffres :
Croissance population 2,9%
Densité de population 26,44 Hab/KM2
Prévision en l’an 2010 10.047.000 habitants
Population urbaine 26%
Espérance de vie hommes 42 ans
Espérance de vie femmes 47 ans
Taux de mortalité 19/1000
Taux de natalité 44/1000
Indicateur fécondité (enfant/femme) 5,8%
Taux de mortalité infantile 131/1000
Taux de mortalité(enfant de 5 ans) 226/1000
Taux d’alphabétisation 25%
Taux d’alphabétisation des femmes 15%
Plus de 50% de la population guinéenne a moins de 15 ans.
Langues, Groupes ethniques, Religions
La langue officielle est le Français, mais seulement 15 à 20% des Guinéens le pratiquent.
Il existe 8 langues nationales. Les plus importantes sont le Soussou, le Peulh, le Maninka, le Kissi, le Toma et le Guerze.
GROUPES ETHNIQUES RELIGIONS
Peulh (Guinée M) Malinké (HG) Soussou (Guinée M) Kissi, Kpelle, Toma, Autres (GF) 25%25%25%25% Islam Chrétiens Autres 85%10%5%
La liberté du culte et la tolérance inter-religieuse sont des principes respectés en Guinée.
Les imams (chefs religieux musulmans) jouent un rôle important dans la société guinéenne. Ils participent à la diffusion de messages d’information et de sensibilisation éducatifs.
Indice de développement humain
Sur les 175 pays classés dans le monde dans le dernier rapport du PNUD (1991), la Guinée est :
§ Au 167ème rang selon l’IDH
§ Au 71ème rang sur les 78 pays classés selon l’IPH (50%).
La pauvreté est concentrée en haute et Moyenne-Guinée. L’enclavement des régions de la Moyenne Guinée est l’une des causes de cette situation défavorable. D’autres régions sont défavorisées en matière d’infrastructures et à l’écart des courants économiques. L’activité de ces populations est tournée vers l’agriculture d’autosuffisance.
En milieu urbain, on estime que la pauvreté touche 30 à 50% des ménages. Le chômage en est la première cause.
L’Histoire
L'histoire ancienne
L'histoire ancienne de la Guinée est peu connue. Mais on sait que les peuples de la région se sont très tôt, au cours du Ier millénaire après J.-C., rencontrés dans la boucle du Niger, par le biais du commerce et des grandes vagues migratoires de la sous-région. Le pays participait donc directement au commerce transsaharien. La Guinée intérieure fut intégrée à l'empire du Ghana vers le Xe siècle. Au XIIIe siècle, Soundiata Keita fonda l'empire du Mali, dont la capitale, Niani, se trouvait sur le territoire de la Guinée actuelle.
À partir du XIIIe siècle, des groupes peuls ont migré de la zone sahélienne vers le Fouta-Djalon, région propice à l'élevage. Ils s'imposèrent aux populations locales et s'opposèrent aux États voisins, en pleine expansion. Au XVIIe siècle, d'autres groupes peuls, convertis à l'islam, les rejoignirent. Ensemble, au XVIIIe siècle, ils lancèrent un jihad contre les «infidèles». Le Fouta-Djalon s'organisa en un État théocratique sous l'impulsion de Karamoko Alfa (1725-1750) puis de Ibrahima Sambego Sori (1751-1784). La capitale se trouvait à Timbo. L'opposition entre deux familles, les Alfaya et les Soriya, aboutit en 1837 à un fragile accord sur une alternance au pouvoir qui amenuisa la résistance du pays à la conquête coloniale
Dans les années 1870, un commerçant dioula, Samory Touré, constitua un empire en haute Guinée, avec Bissandougou pour capitale. Converti à l'islam en 1880, il donna à ses conquêtes militaires le caractère d'un nouveau jihad. Il était aidé par une puissante armée qu'il équipa de fusils fabriqués par les forgerons locaux.
L'arrivée des Européens
Les Portugais furent les premiers, au XVe siècle, à longer les côtes de la Guinée et à entrer en contact avec les populations qui s'y trouvaient. Ils installèrent des comptoirs et pratiquèrent le commerce de l'or, de l'ivoire et la traite des esclaves. Ils furent bientôt supplantés par les Britanniques et les Français.
Au XIXe siècle, les Européens lancèrent des missions d'exploration vers l'arrière-pays: le Français Mollien atteignit le Fouta-Djalon et la ville de Timbo en 1818; l'Anglais Gordon Laing (1826) et le Français René Caillié (1828) atteignirent Tombouctou. En 1840, l'amiral français Bouet-Willaumez (1808-1871), futur gouverneur du Sénégal, signe les premiers traités avec des chefs locaux. En 1880, le Français Olivier de Sanderval jeta les bases de la colonisation.
Le gouverneur français du Sénégal, Louis Faidherbe, comprit vite que la région des Rivières du Sud, sur la côte de Guinée, constituerait une base idéale pour progresser vers l'intérieur. En 1881, le Français Bayol signa un traité d'amitié, de commerce et de protectorat avec le Fouta-Djalon. L'almamy (souverain) Ibrahima Sori rendit alors visite à Gambetta à Paris. En 1882, Bayol devint le premier lieutenant-gouverneur des Rivières du Sud. En 1884-1885, la conférence de Berlin reconnut les droits de la France sur la région. En 1890, la Guinée devint une colonie autonome, avec Conakry pour chef-lieu. En 1893 et 1894, la Côte-d'Ivoire et le Dahomey en furent détachés. En 1899, le Soudan français perdit la région malinké du haut Niger, annexée à la Guinée.
Les Français s'implantèrent assez facilement sur la côte. L'exploitation des différends politiques dans le Fouta-Djalon rendit l'expansion coloniale relativement aisée. En revanche, en haute Guinée, la France se heurta à de vives résistances : les troupes françaises durent livrer de durs combats contre Mahmadou Lamine, puis contre l'almamy Samory Touré. Une troupe commandée par Louis Archinard prit Kankan puis Bissandougou. L'empire de Samory Touré fut totalement envahi en 1892, mais le conquérant se tailla un nouvel État dans le nord de la Côte-d'Ivoire. La région ne fut totalement «pacifiée» qu'en 1912, après la défaite d'Alfa Yaya Diallo.
La colonisation
La France pratiqua la traite des produits licites, en grande partie confiée à de grandes compagnies commerciales. En 1914, la ligne de chemin de fer Conakry-Kankan fut achevée. Pendant les deux guerres mondiales, la métropole fit largement appel aux soldats guinéens. Le nationalisme guinéen prit de l'ampleur après la Seconde Guerre mondiale. Élu en 1945, Yacine Diallo fut le premier député de Guinée à l'Assemblée française. Le Parti démocratique de Guinée (PDG, section guinéenne du RDA), créé par Fodé Mamadou Touré et Madeira Keita, mena la lutte pour l'indépendance. Le syndicaliste Sékou Touré prit la direction du PDG en 1952. L'administration coloniale s'efforça par tous les moyens de briser la contestation. À la suite de la loi-cadre de 1956 et de la victoire éclatante du PDG aux élections territoriales de 1957, Sékou Touré fut élu président du Conseil. Le PDG devint le parti unique de la Guinée.
Lors du référendum sur la Communauté française, la Guinée suivit la consigne prônée par Sékou Touré et vota «non» à 94,4 % des voix. Le 2 octobre 1958, la Guinée proclama son indépendance.
La Guinée contemporaine
De 1958 jusqu'à la mort de son chef charismatique, Sékou Touré, en 1984, la Guinée a été enfermée dans un système totalitaire stérilisant les dynamismes nationaux. Le parti-État et la dictature d'une caste d'origine malinké, captant la rente minière de la bauxite et pourchassant les oppositions, en particulier celle des lettrés peuls du Fouta-Djalon, finirent par étouffer le pays. Les productions auparavant exportées, banane, café, ananas, arachide, s'effondrèrent et les paysans se replièrent sur leurs terroirs pour assurer leur sécurité alimentaire.
Mécontente de la décision guinéenne après son vote négatif lors du référendum du 28 septembre sur la Communauté, la France suspendit immédiatement et totalement son aide. Sékou Touré, devenu président, fit sortir son pays de la «zone franc» en 1960 et remplacer l'usage du français par les langues locales en 1968. Sur le plan économique, il choisit la voie de la «révolution socialiste», et la Guinée se tourna vers le bloc communiste (URSS et Chine) pour obtenir des aides et des financements que la France lui refusait. Sékou Touré imposa un pouvoir dictatorial qui chassa vers l'exil les chefs de l'opposition et une partie de la population. L'opposition, présente essentiellement à Paris, à Dakar et à Abidjan, s'organisa en 1965 pour tenter de renverser le président. Celui-ci ne cessa de dénoncer des complots, fomentés avec des appuis étrangers. En 1970, soutenue par les Portugais, une expédition militaire tenta une invasion depuis la Guinée portugaise, elle fut repoussée par l'armée guinéenne. En 1977, la mort en prison de Diallo Telli, ancien secrétaire général de l'OUA, souleva une très vive émotion dans l'opinion internationale. Le mécontentement grandissant de la population finit par contraindre le président à assouplir sa politique économique. Il ouvrit alors la Guinée à la coopération avec les pays capitalistes, en particulier la France. En mars 1984, Sékou Touré mourut brutalement. Il laissait un pays ruiné, des prisons pleines et des centaines de morts sous la torture. Un coup d'État militaire mené quelques jours plus tard porta le colonel Lansana Conté au pouvoir.
Depuis 1985, la Guinée est engagée dans une série de réformes en rupture avec l'ancien régime. En engageant deux réformes décisives (monnaie, fonction et secteur publics), les dirigeants de la Deuxième République se sont attaqués à deux piliers essentiels de l'héritage. La réforme monétaire a abouti à la création du franc guinéen et les effectifs de la fonction publique, 84 000 personnes en 1984, ont été réduits de 50 %. Près de 300 entreprises d'État ont été fermées mais leur privatisation est laborieuse. La diaspora (2 millions de Guinéens vivraient à l'étranger), déçue, n'y contribue pas alors que la corruption et les détournements n'ont pas été éliminés. Les relations avec le FMI et la Banque mondiale se sont dégradées à partir de 1989. Les rapports avec les bailleurs de fonds sont d'autant plus difficiles que les tensions politiques sont fortes. Le processus de démocratisation a été engagé en 1990 (Constitution restaurant le mutlipartisme, mise en place d'un Conseil transitoire de redressement national remplaçant le Comité militaire de redressement national). L'élection présidentielle au suffrage universel du 19 décembre 1993 a été remportée par le général Lansana Conté (50,9 % des suffrages), mais ces résultats ont été violemment contestés par les partis d'opposition, divisés. La lente transformation politique a été parachevée en 1995 avec les élections législatives et municipales, mais la situation politique demeure plus qu'incertaine. Les affrontements entre Malinkés, Soussous et Peuls resurgissent et une nouvelle tentative de coup d'État militaire, en février 1996, montre que la situation est loin d'être apaisée. Avec 550 dollars par tête (1995), et malgré ses richesses minières, le pays demeure extrêmement pauvre. En 1999, le président Lansana Conté a confié la direction du gouvernement à Lamine Sidimé.
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